Reprendre une exploitation agricole

Lorsque vous reprenez une entreprise, il est important que vous connaissiez les chiffres financiers et les chiffres-clés de cette entreprise. Vous pouvez commencer ici à partir des comptes de l'exploitation agricole à reprendre, de la comptabilité fiscale et du plan de gestion.

• L'exploitation est-elle rentable ?
• Quelle en est la superficie ? Quels sont les fermages et quelle est la relation avec les propriétaires ?
• Dans quel état se trouvent les bâtiments, le matériel roulant et les machines ?
• Quels sont les chiffres de production relatifs: production de lait par vache, nombre de gorets, conversion des aliments, rendement des cultures par hectare.
• Quand est-il des autorisations requises ?

Tenez également compte des facteurs externes:

• Quelle est la relation avec le voisinage ?
• L'exploitation agricole se trouve-t-elle en zone Natura 2000 ?

Sur base de ces connaisssances, vous pouvez établir un plan d'entreprise ou plan d'affaires avec votre conseiller en entreprises et votre comptable. Le plan d'entreprise part d'une vision de l'avenir de votre exploitation, c'est-à-dire où se trouve actuellement l'exploitation et vers quoi vous voulez aller. En tant qu'entrepreneur, vous devez développer votre vision et votre plan étape par étape pour l'entreprise et traduire les conséquences de ces choix dans le plan d'entreprise.

• Souhaitez-vous grandir ou vous diversifier ?
• Disposez-vous de suffisamment de terres et de main d'oeuvre pour réaliser vos rêves ?
• Comment pouvez-vous vous distinguer des autres exploitations ? Quels sont vos points forts ?
• Si vous optez pour les ventes à domicile, êtes-vous qualifié dans la commercialisation et la vente de vos produits ? Comment allez-vous vous y prendre ?

Sur base d'hypothèses réalistes, le plan d'entreprise indique si vos plans tiennent la route et sont financièrement réalisables.

Le plan d'entreprise comprend un budget d'investissement, un budget de fonctionnement pour les trois prochaines années et un budget de trésorerie pour les douze prochains mois.
 

Vous avez maintenant un plan d'entreprise. Cela signifie que votre projet est réalisable dans certaines conditions. Vous décidez de reprendre l'exploitation et de réaliser les investissements prévus.

La reprise est une étape dans la vie du jeune entrepreneur, mais aussi dans la vie de la génération précédente, les cédants, qui sont en général, tes parents. Pour eux, il s'agit de renoncer à leur exploitation qu'ils ont construite pendant des années, et, pour certains, c'est une décision difficile, un processus qui demande du temps. Nous vous conseillons de faire preuve de la patience et de la diplomatie nécessaires et de bien vous entendre sur le timing, la répartition des tâches, le prix, le paiement et le choix du lieu de résidence.

Le transfert d'une entreprise familiale est souvent un processus complexe. Il faut tenir compte des émotions et des intérêts des parents, de la planification de la succession des parents, des droits des frères et des soeurs. Vous reprenez tout en une fois ou est-ce que cela se produit par étapes ? Est-ce que vous aller travailler encore quelques années avec votre père/mère et qui est responsable de quoi ? Qui est fort, dans quel domaine ? Êtes-vous compatibles ? Qui va vivre où ?

Une reprise bien préparée est une reprise où des accords clairs ont été conclus, de préférence dans un bon contrat ou convention, et qui sont transparents pour toutes les parties. Cela évite plus tard de nombreux problèmes (familiaux) qui peuvent peser sur le développement futur de votre exploitation.

Vous avez un accord avec les cédants et la famille et votre plan d'entreprise montre que le projet que vous avez en tête est rentable et responsable. Vous allez faire la reprise et vous souhaitez investir. La question qui se pose est la suivante: comment vais-je payer cela ?

Vous pouvez faire appel à plusieurs formes de financement parmi lesquelles les fonds propres, le crowdfunding, les prêts win-win, les prêts familiaux et les crédits bancaires. Mais comment convaincre ces personnes ? Et sur quoi une banque va-t-elle se baser pour vous accompagner dans votre histoire ?

Avec votre plan d'entreprise en main, vous vous rendez avec votre conseiller d'affaires dans une institution financière, de préférence une qui connaît le secteur et qui évaluera votre projet sur base des concepts financiers suivants:

• Rentabilité: l'exploitation ou le projet que le jeune entrepreneur a en tête est-il rentable à court et à moyen terme ? Une exploitation doit être en mesure de rembourser ses dettes à court et à long terme.
• Solvabilité: les fonds propres de l'exploitation sont-ils suffisants pour conclure un financement à long terme ? Comment les fonds propres évoluent-ils dans le temps ?
• Liquidité: l'exploitation dispose-t- d'un fonds de roulement suffisant, tampon financier suffisant pour pouvoir payer ?

Il y a, en outre, également la gestion: la banque évaluera votre aptitude dans divers domaines: motivation, compétences techniques, organisation, travail, gestion financière...

Lorsque la banque accepte votre plan, vous pouvez choisir la meilleure forme de crédit pour la bonne destination avec votre conseiller financier. Un principe sain pose que la durée du crédit ne soit pas plus longue que la période d'amortissement de l'investissement. Cela signifie que certains investissements peuvent être financés à long terme et d'autres à plus court terme. Il existe différents types de crédits qui correspondent chacun à un investissement ou à un mode de remboursement particuliers.

Une entreprise en croissance a besoin de fonds de roulement. Vous pouvez calculer ce montant à partir du budget de liquidité. Il existe des crédits spécifiques qui vous donnent les fonds nécessaires et la flexibilité nécessaire pour pouvoir travailler à l'aise.

La banque demandera des garanties. Il pourra s'agir d'une hypothèque ou d'un mandat hypothécaire, d'une inscription à votre fonds de comerce ou à votre privilège agricole, ou d'un nantissement. Les garanties demandées dépendent largement de l'évaluation des risques de votre entreprise. Sachez que la banque n'accorde pas de crédit sur la seule base des garanties. La rentabilité future de votre exploitation est le paramètre le plus important.

À côté des crédits pour la reprise et les éventuels investissements, n'oubliez pas les risques potentiels que l'exploitation d'une entreprise peut amener. En agriculture, il s'agit de la volatilité des prix, des décisions gouvernementales, des conditions météorologiques, des maladies des animaux, des risques en matière d'incendie, d'évasion des animaux, d'accident, de décès du dirigeant de l'entreprise…

Selon le secteur dans lequel vous travaillez, vous pouvez prendre les mesures nécessaires sous forme d'assurances, de contrats ou de marchés à terme. Discutez de ces questions avec vos conseillers et limitez ces risques de la bonne façon. Entreprendre, c'est prendre des risques, mais là où c'est possible, il faut également limiter ceux-ci le plus possible.

Le financement et la couverture des risques étant réglés, vous pouvez enfin réaliser votre rêve. Mais lancer une entreprise est une chose, la faire croître et prospérer en est une autre. Quelles sont les subventions possibles ? Un agriculteur, en Wallonie, peut faire appel au système d’aides au développement et à l’installation dans le secteur agricole, dit ADISA.

Il est préférable qu'un jeune débutant se laisse guider par les bonnes personnes qui ont une connaissance du secteur et qui peuvent lui donner le bon conseil au bon moment. L'agriculture et l'horticulture sont devenues une branche complexe où de nombreuses règles et restrictions sont imposées, mais un bon entrepreneur sait comment gérer tout cela et trouve toujours une solution quand un problème se pose.

Une succession d'exploitation bien réglée, de bonnes ententes avec toutes les parties concernées, un plan d'entreprise étayé, une comptabilité solide et une excellente gestion forment les bases solides de votre exploitation.