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2020 devait être l’année de la lutte contre le changement climatique, mais le coronavirus en a décidé autrement. Certaines nouvelles sont toutefois prometteuses pour la protection de l’environnement. « La politique de relance nous offre une chance historique de rendre l’économie plus verte », déclare Didier Borowski, Head of Global Views du gestionnaire de fonds Amundi.
« Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise ». Par ces mots prononcés juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale et devenus aujourd’hui célèbres, Winston Churchill plaidait pour une des plus grandes réformes de notre histoire : la création des Nations Unies. Nous sommes 75 ans plus tard et de nouvelles réformes fondamentales s’imposent. Pour sauver le climat cette fois. « La crise du coronavirus est une sonnette d’alarme », affirme Didier Borowski. « Le confinement généralisé montre que nous ne sommes pas préparés pour supporter des chocs de cette ampleur. Et soudain, tout le monde se rend compte qu’une catastrophe plus importante encore se profile : la crise climatique. Nous n’y sommes pas préparés non plus. Le changement climatique évolue de manière plus progressive, c’est vrai, mais ses conséquences seront encore plus désastreuses. La seule manière de l’éviter est d’investir dans une économie pauvre en carbone. »
Nous aurions pu croire que le confinement allait régler le problème du CO2. Avec la mise à l’arrêt de l’économie, les émissions ont chuté en un seul coup pour atteindre leur niveau observé il y a 10 à 15 ans. Un répit de courte durée, hélas. En Chine, la consommation de charbon a très vite remonté à son niveau pré-crise. Borowski : « D’après l’organisation environnementale Carbon Brief, les émissions de CO2 vont afficher un recul unique de 5,5 % en 2020, soit la plus grande baisse jamais enregistrée. C’est pourtant insuffisant pour limiter la hausse des températures à 1,5°C au-dessus du niveau préindustriel, comme le préconise l’Accord de Paris sur le climat. Nous devons atteindre une réduction structurelle de 7,6 % pour toutes les années de la décennie 2020-2030. Autant dire que cela requiert un effort soutenu et nettement plus important que l’impact généré par l’arrêt soudain de l’activité mondiale dû à la pandémie. »
Il y a aussi une lueur d’espoir. La crise du covid-19 a démontré la capacité des autorités à intervenir à grande échelle. Une politique de relance réfléchie nous permettrait de franchir un nouveau cap dans la réduction des émissions de CO2. Borowski : « C’est une occasion unique pour investir dans la durabilité. En combinant les primes et investissements publics à des projets d’infrastructures durables, l’énergie renouvelable et la technologie verte, on peut faire d’une pierre deux coups : relancer notre économie et nous attaquer efficacement à la problématique du changement climatique. »
L’Europe donne le bon exemple avec son Green Deal ou Pacte Vert. Borowski : « Le fonds de relance européen soutient pleinement les objectifs climatiques et de durabilité. Toutes les dépenses doivent se justifier dans le cadre de l’Accord de Paris et viser un objectif climatique à concurrence de 30 % au moins. À partir du 1er janvier 2021, l’Europe imposera une nouvelle taxe sur les déchets plastiques non recyclés et sur le carbone. Les États membres sont libres de décider de répercuter ces impôts sur l’industrie. Le secteur public pourrait ainsi passer le flambeau au secteur privé, et c’est une avancée déterminante. Les entreprises et les consommateurs seront alors eux aussi tenus de changer leur comportement. »
L’Europe n’est pas seule face à cet enjeu d’ampleur mondiale. « L’Europe et la Chine donnent actuellement le ton. Dans les pays émergents également, nous observons un changement progressif des mentalités », constate Borowski. « Une coordination internationale est indispensable à ce niveau. Dans les économies plus pauvres en effet, la tentation de repartir rapidement sur le ‘modèle ancien’ sera grande. C’est ce qui se passe actuellement en Chine. Un autre défi de taille sera de rallier les États-Unis à l’Accord de Paris sur le climat. Nos espoirs reposent sur la concertation internationale et les prochaines élections présidentielles. Si la Maison-Blanche et le Congrès passent aux mains des Démocrates, la politique environnementale américaine pourrait opérer un véritable revirement. »
L’investisseur peut lui aussi apporter sa pierre à l’édifice. Borowski : « Les investisseurs peuvent faire pression en optant pour des investissements durables ou de qualité ESG. ESG signifie ‘Environmental, Social & Governance’. Il s’agit d’un label décerné aux entreprises qui adoptent une politique interne respectueuse de notre planète. Pendant la période de confinement, les entreprises ESG s’en sont mieux sorties en Bourse que leurs homologues non durables. La demande en investissements ESG a par ailleurs fortement augmenté. Je ne peux pas me prononcer sur la poursuite d’une telle tendance ces prochaines années, mais je ne peux que l’espérer. »
Didier Borowski, Head of Global Views du gestionnaire de fonds Amundi.
Disclaimer : Les informations contenues dans cette publication constituent un commentaire général sur la situation financière actuelle et ne doivent pas être considérées comme un conseil ou une recommandation concrète en matière de produits financiers.