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Même les investisseurs les plus expérimentés ne réfléchissent pas de façon purement rationnelle. Il n’est pas rare que leurs émotions entraînent des décisions désavantageuses, voire de mauvais choix. Quels sont les pièges ? Et comment les éviter ?
Les investisseurs débutants font des erreurs de débutant, comme nous l’expliquions dans un article précédent. Les investisseurs avertis font également des erreurs, mais d’une autre nature. Une approche scientifique, appelée “finance comportementale”, s’attache à expliquer pourquoi les gens prennent parfois des décisions financières qui vont à l’encontre de leurs intérêts. Dans cet article, nous évoquerons six pièges à éviter..
Les investisseurs sont des êtres sociaux : ils se laissent influencer par les autres.
Ce comportement se manifeste dans tous les domaines de la vie. L’homme cède – le plus souvent inconsciemment – à la pression du groupe. Si nous mangeons en groupe, nous mangeons plus, et moins sainement.
Cette pression du groupe, les investisseurs expérimentés aussi y sont sensibles. Sur les marchés financiers, certains thèmes ont la cote, tandis que d’autres sont considérés comme has been. La tentation d’investir dans ces thèmes « tendance » est forte. La crise du coronavirus en est une belle illustration. Les actions de ‘l’économie corona’ sont très demandées. Il suffit de penser aux entreprises technologiques permettant le télétravail et les loisirs à domicile, comme Zoom ou Netflix, ou encore aux sociétés pharmaceutiques qui travaillent à la mise au point du vaccin. Elles représentent aujourd’hui près de la moitié de la valeur totale du marché boursier. D’un point de vue rationnel, cela n’a aucun sens.
Même les investisseurs professionnels sont susceptibles de faire cette erreur d’appréciation. Car eux aussi, ont besoin de l’assentiment de leurs pairs. L’esprit grégaire sert même d’alibi : si la décision collective ne semble pas être la bonne a posteriori, l’individu ne pourra pas être pris en faute. Le consensus est un abri sûr.
Pourtant, en refusant le suivisme et en allant à contre-courant, on obtient parfois de meilleurs résultats. Une attitude non-conformiste peut être payante. Mais elle coûte beaucoup d’énergie mentalement. Une perte qui résulte d’une décision divergente est encore bien plus amère qu’une autre. Heureusement, on peut facilement intégrer une part non-conformiste dans son système d’investissement. Comment ? En achetant à intervalles réguliers, pour un montant fixe. De cette façon, on achète proportionnellement plus pendant les périodes pessimistes quand les cours sont bas, et moins pendant les périodes trop optimistes quand les cours sont hauts.
“Tous les cygnes sont blancs.” Quelle est la meilleure stratégie si l’on veut prouver cette affirmation ? Chercher des cygnes blancs et s’exclamer à chaque fois ‘Vous voyez bien !” ? Non. Non, c’est le cygne noir qu’il faut chercher, parce qu’il infirme l’affirmation, alors que le 1001e cygne blanc ne la confirme toujours pas. Le cygne noir est d’ailleurs devenu un concept connu dans la gestion des risques : c’est l’événement que personne n’a vu venir, parce que tout le monde s’est cantonné dans les schémas de pensée habituels.
Les investisseurs cherchent des informations qui confirment leurs attentes. C’est confortable d’entendre son opinion émise par quelqu’un d’autre, comme un écho. Et c’est ainsi que de nombreux investisseurs regardent évoluer les cygnes blancs… jusqu’à ce qu’un cygne noir apparaisse. Et soudain, la thèse à laquelle nous avons tellement cru, et dans laquelle nous avons investi notre argent, explose. Plus nous croyons fermement à un schéma d’investissement, plus nous devons nous faire l’avocat du diable. Posez-vous systématiquement les questions suivantes : “Et si mes suppositions étaient fausses ? Où pourraient se cacher des erreurs de logique dans mon raisonnement ?”
Sur le chemin du travail, vous êtes témoin d’un accident. Les jours suivants, vous ralentissez inconsciemment près de l’endroit où il a eu lieu, alors qu’il n’y a aucun lien entre cet endroit et votre vitesse. De même, les investisseurs ont tendance à accorder beaucoup d’importance à ce qui saute aux yeux et à ce qui est frais dans leur mémoire.
L’information, quand elle est à sens unique – par exemple dans le cadre de la crise du coronavirus – renforce ce phénomène. Nous sommes victimes de notre attrait pour les histoires, pour ce qui est rare, remarquable, voire angoissant. Les catastrophes financières sont incroyablement populaires. Résultat : même les investisseurs expérimentés s’arrêtent trop souvent à des faits sans importance et restent de ce fait trop longtemps sur la touche.
“Je n’investis pas parce que je ne m’y connais pas assez” : une objection que l’on entend souvent. Pourtant, c’est le sentiment inverse qui semble être dangereux. Les psychologues constatent à chaque fois qu’un excès d’informations ne mène pas nécessairement à de bonnes décisions ou à de bons résultats, mais plutôt à de l’orgueil.
Nous ne sommes pas toujours conscients des limites de notre connaissance. C’est la raison pour laquelle les investisseurs chevronnés, et même certains professionnels, peuvent se montrer arrogants. D’où l’importance, pour les investisseurs en général, de diversifier, également en dehors de leur domaine d’expertise. Un médecin, par exemple, a intérêt à ne pas limiter son portefeuille aux entreprises pharmaceutiques.
Une autre preuve d’orgueil : penser qu’on maîtrise le timing parfait sur le marché, à savoir acheter au plus bas et revendre au plus haut. Il n’existe aucune indication valable pour affirmer que le market timing fonctionne, même si chaque investisseur a envie de croire à cette illusion…
Les investisseurs expérimentés sont parfois en quête d’adrénaline. Après un certain temps, ils ont tendance à remplacer les investissements neutres de leur portefeuille par des investissements plus ambitieux et plus complexes. “The next big thing.” La robotique, l’intelligence artificielle. Elles vont changer le monde, alors elles devraient valoir de l’or ? Mais l’investissement n’est ni un jeu, ni un concours. Chaque portefeuille doit être composé en bonne partie de positions classiques et pérennes. Dès que l’investissement devient amusant, il devient dangereux.
La diversification est souvent mal comprise. Il ne s’agit pas d’ajouter sans cesse plus de positions à son portefeuille. Un portefeuille comportant 50 investissements différents peut être mal diversifié. Diversifier signifie : opter pour des investissements soumis à différentes dynamiques, dans différentes conditions de marché. Ainsi, le portefeuille ne sera pas gouverné par une seule dynamique (par ex. une hausse de la bourse, une baisse des taux d’intérêt ou un dollar fort). Les fonds diversifiés peuvent jouer un rôle important pour vous décharger de cette tâche.
L’instinct qui nous pousse à éviter les situations qui nous mettent en danger a permis à nos ancêtres de survivre. Mais aujourd’hui, il nous empêche d’être d’excellents investisseurs parce que la peur de perdre est trop présente. Des études démontrent que le sentiment négatif de perte est deux fois plus puissant que le sentiment positif face à un gain de même importance. Les investisseurs sont, par exemple, beaucoup plus enclins à conserver (trop) longtemps des investissements cotés en dessous de leur cours acheteur, et ce dans l’espoir de pouvoir compenser leur perte.
À l’inverse, les investissements performants sont souvent revendus trop rapidement, de peur de perdre les bénéfices déjà réalisés. Voilà encore un exemple de comportement irrationnel. Le fait qu’une action soit cotée au-dessus ou en dessus de son cours acheteur n’est pas réellement important. Ce qui est pertinent, c’est d’examiner les opportunités qu’offre l’investissement à long terme, et également si le risque est compensé par le rendement potentiel.
En réalité, le cerveau humain n’est pas fait pour prendre des décisions financières. Car notre comportement est guidé par certains mécanismes bien ancrés dans notre cerveau. S’y opposer est très difficile et le risque d’erreur serait grand. C’est pour cette raison que les investisseurs professionnels accordent une grande importance à un processus d’investissement discipliné qui maintient le portefeuille dans sa trajectoire tandis que résonne le chant de sirènes sur le marché… On peut comparer ce processus à la checklist que les pilotes établissent avant de décoller. L’investisseur non-professionnel peut, lui aussi, s’approprier cette attitude. Il peut faire le choix judicieux d’automatiser ses investissements, par exemple au moyen d’un contrat d’investissement. De cette façon, il ramène l’investissement à l’essentiel, indépendamment de ses propres impressions et de ses sentiments.
Disclaimer : Les informations contenues dans cette publication constituent un commentaire général sur la situation financière actuelle et ne doivent pas être considérées comme un conseil ou une recommandation concrète en matière de produits financiers.