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Ces derniers mois, l’inflation est passée sous zéro en Europe. C’est la première fois depuis 2016 que les prix diminuent : en août, de 0,2% et en septembre, de 0,3%. Mais avant de nous réjouir, il faut savoir que la gestion de la crise du Covid, par les gouvernements et les banques centrales, peut réveiller l’inflation. Quelles en seraient les conséquences pour l’investisseur ? Un tour d’horizon en quatre questions & réponses.
1. Les prix de l’énergie sont une composante importante de l’inflation. Et ils sont très bas depuis quelques années. Après la chute des prix pétroliers à l’automne 2016, on a pu observer une stabilisation. Depuis, toutefois, le prix du pétrole dépasse difficilement le seuil des 50 dollars/baril. Ce qui se traduit par une facture d’énergie plus basse pour les entreprises et les ménages.
2. La globalisation également agit sur l’inflation. Le libre accès au marché mondial offre l’opportunité aux entreprises et aux consommateurs d’acheter sur ce marché mondial : nous pouvons à tout moment chercher les prix les plus bas, par exemple en Chine. Nous pourrions parler ici d’un effet Alibaba ou Amazon.
3. L’augmentation limitée des salaires joue également un rôle. En Belgique, l’adaptation des salaires se fait automatiquement via l’indexation mais, dans de nombreux autres pays, les travailleurs doivent négocier eux-mêmes avec leurs employeurs. Juste avant le corona, nous avons pu observer aux États-Unis, et dans une moindre mesure en Europe, que l’offre d’emploi excédait la demande. Malgré cela, les salaires ont à peine augmenté. Les multiples statuts de travail incertains et les conditions de travail peu favorables – notamment aux États-Unis – ne permettent pas d’exiger des salaires plus élevés.
Si l’inflation semble avoir disparu aujourd’hui, elle est pourtant toujours là. Pendant la crise du Covid, nous avons tous noté une hausse significative du ticket du supermarché. Pourquoi l’inflation générale n’a-t-elle pas augmenté malgré l’augmentation de prix des produits alimentaires ? Parce que d’autres produit, comme les tickets d’avion, ont diminué. Ce qui n’est actuellement pas très intéressant pour le consommateur. D’autres raisons, indépendantes de la crise corona, laissent à penser qu’une faible inflation ne risque pas de durer.
1. La crise du coronavirus a révélé la fragilité de la globalisation. Soudain, nous nous sommes aperçus que nous ne pouvions plus tout obtenir aux mêmes conditions. Il suffit de penser aux masques de mauvaise qualité en provenance de Chine, ou encore à la livraison perturbée de produits italiens et espagnols dans nos supermarchés. Nous ne pouvons et ne voulons plus revenir aux fournisseurs les moins chers.
2. Les guerres commerciales incessantes entre les États-Unis, la Chine, l’Europe et le Royaume-Uni affaiblissent encore les chaînes de production. De tels conflits contribuent à l’augmentation des prix.
3. Ces derniers mois, les banques centrales ont injecté de l’argent massivement dans l’économie pour tenter de contrecarrer la crise du Covid. Cet argent a été créé à partir de rien. L’histoire témoigne que la création monétaire mène souvent à une inflation supérieure et beaucoup craignent que ce ne soit le cas également aujourd’hui. Pour les gouvernements, une telle inflation serait la bienvenue. Les mesures corona ont fait exploser les dettes publiques et une inflation supérieure rendrait le poids des dettes plus supportable (puisqu’elles seraient remboursées avec de l’argent qui dévalue).
Après la crise financière de 2008 également, les banques centrales ont injecté beaucoup d’argent dans le système. Mais cela n’a pas contribué à l’inflation. On note trois différences importantes entre cette période et la situation actuelle.
1. Les montants sont beaucoup plus élevés qu’en 2008. En outre, la vitesse à laquelle les capitaux ont été injectés est sans précédent. Nous pouvons véritablement parler d’un effet de choc monétaire.
2. En 2008, les banques centrales ont donc créé une masse d’argent. Simultanément, de nombreux gouvernements ont dû affiner leurs estimations budgétaires. Comprenez « faire des économies ». L’argent que les banques centrales injectaient dans l’économie d’un côté, était utilisé par les gouvernements de l’autre. Mais aujourd’hui, les gouvernements et les banques centrales vont dans le même sens : les uns et les autres injectent d’énormes montants dans l’économie. Il s’agit là d’une situation inédite dont nous ne connaissons pas encore les conséquences. Mènera-t-elle une augmentation des prix ? Le risque existe. Nous observons en tous cas qu’une masse de cet argent créé afflue sur les marchés financiers où il fait grimper les prix. Ainsi, les obligations et les actions deviennent plus chères. Le marché immobilier également prospère grâce à cet « argent gratuit ». Et, du fait de cette politique du robinet ouvert des banques centrales et des gouvernements, les jeunes ménages éprouvent des difficultés à trouver un logement à un prix abordable.
3. La politique des banques centrales est différente. Par le passé, la Fed (Banque centrale américaine) fixait le seuil maximal d’inflation annuelle à 2% : dès que celui-ci était dépassé, les taux d’intérêt remontaient. Aujourd’hui, la Fed vise une inflation de 2% en moyenne “au fil du temps” pour permettre le retour de l’inflation, mais sans augmentation des taux d’intérêt. En Europe, nous n’en sommes pas encore là, bien que la Banque centrale européenne (BEC) étudie un scénario similaire.
1. Une inflation supérieure est généralement une mauvaise nouvelle pour les obligations parce qu’elle s’accompagne souvent de taux d’intérêts plus élevés. Et, quand les taux augmentent, les cours des obligations baissent. Aujourd’hui, le risque paraît toutefois moins grand. Nous pouvons en effet partir du principe que tant la Fed que la BCE maintiendront des taux bas encore pendant quelques années, notamment en rachetant d’importants paquets d’actions. Grâce à cela, les cours des obligations restent hauts. Mais, si le risque d’un massacre sur le marché des obligations peut être limité, ce sera néanmoins difficile de gagner de l’argent avec les obligations les plus sûres telles que les obligations d’État. Le véritable rendement (après correction de l’inflation) des titres obligataires devient même négatif.
2. Une inflation modérée est plutôt favorable au marché des actions. Les entreprises peuvent ainsi répercuter l’augmentation de leurs frais sur leurs clients finaux. Cette situation est surtout favorable aux entreprises qui disposent d’un bon pricing power (le pouvoir de fixer leurs prix). Quelques exemples :
Si l’inflation devait augmenter de manière excessive, les actions également seraient en mauvaise position. Mais, pour les années à venir, il s’agit là d’un scénario peu probable.
Le message aujourd’hui reste le même : la meilleure défense contre l’inflation, c’est un portefeuille diversifié.
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Disclaimer : Les informations contenues dans cette publication constituent un commentaire général sur la situation financière actuelle et ne doivent pas être considérées comme un conseil ou une recommandation concrète en matière de produits financiers.