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Avant que le Covid-19 ne devienne un enjeu mondial, d’autres questions préoccupaient les investisseurs. Guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, protectionnisme, Brexit, montée au pouvoir de leaders populistes… Ces menaces potentielles n’ont pas disparu. Elles sont simplement passées à l’arrière-plan pour l’instant.
Tous les regards sont actuellement braqués vers la pandémie. On dit généralement que les marchés financiers ne peuvent se concentrer que sur un ou deux « évènements » à la fois – qu’ils scrutent alors avec une grande vigilance. Tout le reste est mis de côté. Les investisseurs semblent manipuler les cours uniquement en fonction de leur préoccupation du moment. Bref, marchés financiers et multiplicité des tâches ne font vraisemblablement pas bon ménage.
Pourtant, les marchés reposent en réalité sur une multitude d’évènements et l’évolution de leurs cours tient bien compte (en partie du moins) des développements actuels. L’actualité n’est pas figée. De toute évidence, les évènements qui patientent actuellement en coulisses ne vont pas tarder à occuper le devant de la scène et venir agiter les marchés. Ne serait-ce que parce que le Brexit et les élections présidentielles américaines – pour ne citer qu’eux – sont liés à une échéance. Reste à voir, en fonction aussi de l’évolution de la pandémie, à quel moment les marchés s’intéresseront à nouveau à ces questions. Dès que le plus dur de la crise sera derrière nous ou dès que la sortie d’un vaccin se confirmera, on reparlera plus largement des trois grands sujets d’actualité.
Si le Brexit a été approuvé par une majorité très serrée lors du référendum de juin 2016 et que le Royaume-Uni est aujourd’hui sorti de l’UE, ce n’est qu’en 2021 que tout changera. D’ici là, les Britanniques ont toujours accès au marché uni de l’UE, comme tout autre pays membre. En d’autres termes, il reste moins de six mois pour conclure un nouvel accord commercial. La mission semble pratiquement impossible, tant les affaires à régler sont nombreuses et les souhaits des deux parties (le gouvernement Johnson et l’Union européenne) diamétralement opposés. Le Premier ministre Boris Johnson a dépassé la date ultime jusqu’à laquelle il pouvait demander une prolongation des relations existantes. Le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, a déjà laissé entendre que les négociations avec le Royaume-Uni étaient au point mort. Le gouvernement britannique semble vouloir se diriger vers un Brexit sans accord. Ce qui serait un véritable coup dur pour les relations commerciales entre le R.-U. et l’UE avec un retour au régime minimum prévu dans le cadre de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Peut-être Johnson espère-t-il arracher d’ultimes concessions à l’UE qui ne veut pas d’un « no deal ». Dans tous les cas de figure, le tensiomètre promet de s’affoler. Et la Belgique, à l’instar de l’Irlande, pourrait bien figurer au rang des pays les plus fortement touchés par la perturbation du commerce avec le R.-U.
En novembre prochain, les Américains éliront Donald Trump pour son second mandat… ou son rival démocrate Joe Biden. L’issue des élections aura un impact majeur sur de nombreuses questions qui agitaient déjà sur les marchés avant la crise du coronavirus. À savoir la guerre commerciale et la politique protectionniste face à la Chine et face à l’Europe – bien que dans une moindre mesure. Trump est parvenu à désamorcer les tensions avec la Chine au travers d’un accord partiel. Il est vrai que les inquiétudes relatives au conflit pesaient dangereusement sur la croissance économique, et le président sait pertinemment bien qu’un mauvais bilan économique mettrait en péril ses chances de réélection. Les sondages ne lui sont pour l’instant pas favorables, mais gare aux bonds de l’animal acculé. Chaque camp haussera le ton face à la Chine. Mais les relations entre les deux grandes puissances connaîtraient-elles vraiment des améliorations sous une présidence démocrate ? Les Chinois, dont la vision de la société et le modèle économique, si différents de ceux observés en occident, connaissent un tel succès qu’ils pourraient renverser le leadership économique et technologique américain. Sans parler de la puissance militaire chinoise, qui ne cesse de croître. Plus la date des élections se rapproche, plus les marchés vont s’intéresser à la course à la présidentielle. Si Trump est et reste une figure controversée, Biden n’est pas forcément plus apprécié des marchés financiers. Il plaide en effet pour une augmentation des impôts des grandes entreprises, et ses règles environnementales plus strictes pourraient signer la fin de l’indépendance énergétique des États-Unis. Or, l’énergie « domestique » bon marché a toujours été un gros stimulant pour les entreprises américaines. Vous l’aurez compris : le sujet est loin d’être clos.
Il arrive qu’un seul événement fasse de l’ombre sur tous les autres thèmes de l’actualité, les ébranler ou encore réorienter les marchés financiers. Sans forcément se solder par une progression ou un recul généralisé, cela peut provoquer des bouleversements à l’échelle sectorielle également. Car chaque événement entraîne de nouvelles réactions et le cumul de ces réactions engendre une dynamique laissant peu de chances aux prévisions. La crise du coronavirus en est un parfait exemple : elle a suscité une réaction et des mesures sans précédent de la part des banques centrales et des gouvernements. Pour un réel rebond des marchés. « Grâce » à la pandémie, les dirigeants européens se sont mis d’accord sur un fonds de relance exceptionnel de 750 milliards d’euros pour les États membres de l’UE. Ce plan devrait contribuer à créer une nouvelle dynamique économique et financière de grande ampleur, laquelle nous entraînera – nous et les marchés – vers de nouveaux horizons. Pour la première fois depuis des années, l’Europe peut afficher une image crédible face aux investisseurs. À tel point que l’euro retrouve un peu de sa splendeur face au billet vert, en position de force depuis de nombreuses années.
Disclaimer : Les informations contenues dans cette publication constituent un commentaire général sur la situation financière actuelle et ne doivent pas être considérées comme un conseil ou une recommandation concrète en matière de produits financiers.