Pourquoi la course sur les actions technologiques n'est pas une bulle cette fois-ci

3 minutes de temps de lecture

La spectaculaire ruée sur les actions début septembre n’y change presque rien : en pleine crise du coronavirus, ce sont les actions technologiques qui ont occupé le devant de la scène boursière. C’est une bulle, a-t-on parfois entendu. Mais Marc Langeveld et Siddy Jobe qui travaillent pour le gestionnaire de fonds Econopolis ne sont pas d’accord avec cette hypothèse. « La technologie est et reste une valeur sûre. Ce secteur a plus que jamais le vent en poupe. Nous devons maintenant identifier les gagnants incontournables de demain. »

Pour le secteur de la technologie, la crise du coronavirus a représenté une véritable opportunité. Impossible de faire ses achats en magasin ? Direction la boutique en ligne. Les sorties cinéma tombent à l’eau ? En avant pour l’abonnement Netflix. Et pour se retrouver ou se réunir, on s’est tourné vers des applications comme Zoom ou Teams. Ce phénomène s’est aussi observé en Bourse. En juin, le Nasdaq (la Bourse américaine de la technologie) avait déjà totalement digéré le coronakrach. L’action Zoom se négociait elle à un cours supérieur à 250 % à celui d’avant la crise.

Le télétravail va rester

« Cela fait un moment que l’accélération numérique est en cours », précise Marc Langeveld. « Mais avec la pandémie, tout est passé à la vitesse supérieure. Le shopping en ligne et le télétravail vont rester. Tous les secteurs secondaires vont aussi en profiter. L’augmentation du télétravail ne donne pas seulement des ailes à la vidéoconférence, il suscite aussi un engouement pour le gaming et le streaming. Résultat ? Cela engendre des besoins accrus en capacité de stockage sur le cloud et en sécurité informatique. »

Ce n’est pas une bulle

Les hausses spectaculaires des cours nous rappellent la bulle Internet de 2008 créée par la crise des subprimes. Une nouvelle bulle technologique serait-elle en train de se former ?  « Le contexte est très différent aujourd’hui », rassure Siddy Jobe. « À l’époque, la numérisation de l’économie n’en était qu’à ses débuts. Beaucoup d’entreprises technologiques ont connu une progression rapide, mais elles ne généraient que peu ou pas de bénéfices. Aujourd’hui, la technologie occupe une position beaucoup plus dominante dans tous les secteurs de notre économie, y compris les secteurs traditionnels. Les entreprises technologiques sont maintenant rentables avec peu d’endettement et une trésorerie solide. »

Un rendement attractif

Marc Langeveld : « Le ratio cours/bénéfice moyen des actions du Nasdaq oscille actuellement autour de 28. C’est en effet un peu plus cher que la moyenne mondiale. Mais cela n’explique pas tout. Si on tient aussi compte du cash-flow libre, les entreprises technologiques sont beaucoup plus abordables. Et grâce au cash qu’elles génèrent, elles sont en mesure de chouchouter leurs investisseurs avec des dividendes en hausse et le rachat d’actions propres, tout en s’assurant des bilans solides. Les investisseurs peuvent s’attendre à des rendements attractifs au cours des prochaines années. En intégrant les buy-backs dans le calcul, ces rendements pourraient atteindre 3 à 5 % par an. Bref, une perspective plutôt réjouissante à notre époque des taux zéro. »

Une régulation bientôt renforcée ?

En revanche, il ne faut pas négliger les risques. Marc Langeveld : « La position dominante des géants technologiques ne plaît pas aux politiques. Ce qui peut avoir de lourdes conséquences : des amendes salées jusqu’aux scissions d’entreprises. Ce risque est une véritable épée de Damoclès pour le secteur. Si le démocrate Joe Biden remporte la présidentielle américaine, la situation pourrait se compliquer encore un peu plus pour les entreprises technologiques. Un renforcement de la régulation se traduirait par des vents contraires et de brusques fluctuations des cours. Mais le navire ne devrait toutefois pas chavirer. »

Les gagnants de demain

« En tant que gestionnaire de fonds, nous devons séparer le bon grain de l’ivraie et sélectionner les entreprises les plus prometteuses dans tous les secteurs : des big data et de la sécurité informatique à la robotique en passant par l’intelligence artificielle », poursuit Siddy Jobe. « Les gagnants d’aujourd’hui ne sont pas forcément ceux de demain. En 2005, le marché de la téléphonie mobile était dominé par Nokia, BlackBerry et Ericsson. Deux ans plus tard, Apple a débarqué et a radicalement modifié le paysage. Ça bouge beaucoup dans le secteur de la technologie, mais fondamentalement, la situation est plus favorable que jamais. »

Marc Langeveld & Siddy Jobe – Econopolis

Disclaimer : Les informations contenues dans cette publication constituent un commentaire général sur la situation financière actuelle et ne doivent pas être considérées comme un conseil ou une recommandation concrète en matière de produits financiers.