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Le mardi 3 novembre, les Américains se rendront aux urnes pour élire un nouveau président. Le choix du prochain président des États-Unis, le républicain Donald Trump ou le démocrate Joe Biden, aura certainement un impact sur la première économie mondiale. Chaque candidat possède son propre programme, qui comporte des accents spécifiques, et que les marchés surveillent donc de très près. Le fait que les États-Unis continuent à dominer le monde des investisseurs était à nouveau manifeste le matin du vendredi 2 octobre, lorsque les investisseurs européens ont avalé leur café de travers à l’annonce que Donald Trump avait été testé positif au coronavirus. Les bourses n’ont pas tardé à chuter.
Les candidats à la présidence se livrent une lutte acharnée, c’est évident. Le premier débat électoral a laissé un goût amer chez de nombreux téléspectateurs. Une fois de plus, il a mis en évidence les nombreux conflits et oppositions qui déchirent les États-Unis : entre noirs et blancs, entre riches et pauvres, entre côtes ouest et est, libérales, et États ruraux, conservateurs, etc. Une fracture qui risque à présent de déboucher sur une impasse politique. Et ce, dans la première économie du monde : le moteur qui, ces dernières années, a permis à l’économie mondiale de garder la tête hors de l’eau. Dès lors, nous aussi, Européens, avons beaucoup en jeu lors du scrutin du 3 novembre.
Même si Joe Biden devance le président sortant dans les sondages, dans les dernières semaines, tout peut encore arriver. Des surprises ne sont jamais à exclure : rappelons-nous qu’il y a quatre ans, la plupart ne croyaient pas à la victoire de Donald Trump. Et non, malgré toutes sortes de mythes, la bourse ne permet pas de prédire le vainqueur des élections.
Cependant, Trump souffre cette année d’un désavantage qu’il n’avait pas il y a quatre ans : il a, par rapport à Biden, moins la faveur de la population de couleur, groupe dont la proportion dans l’électorat ne cesse de croître. Par conséquent, Trump, pour être élu, a besoin de recueillir 70 % des votes blancs.
Par ailleurs, le coronavirus fait planer aujourd’hui de nombreuses incertitudes sur l’économie, ce qui n’est pas non plus à l’avantage de Trump. Même si la crise sanitaire y est en ce moment un peu moins aiguë : le nombre de nouvelles contaminations diminue, les Américains se trouvant actuellement dans la phase que l’Europe a connue au début de l’été.
Les programmes des deux candidats à la présidentielle diffèrent surtout en matière de fiscalité. Tandis que Donald Trump veut pérenniser les baisses d’impôts qu’il a lui-même mises en place, Joe Biden mise sur une augmentation de la fiscalité pour les entreprises. Et pour éviter que le budget ne déraille complètement, l’actuel président compte sur la croissance économique.
Joe Biden entend surtout dégager des budgets pour les soins de santé et pour ceux qui n’ont pas les moyens de souscrire une assurance-maladie privée. En matière de politique (commerciale) étrangère, notamment vis-à-vis de la Chine, la principale différence entre Biden et Trump concerne le style, pas le fond. Joe Biden s’opposerait un peu moins frontalement à la Chine et tenterait d’éviter une guerre commerciale avec cette dernière, et surtout, toute hostilité à l’égard des partenaires européens traditionnels.
Lequel des deux candidats est, en définitive, le plus favorable à la bourse ? Difficile à dire. Le fait qu’une moindre pression fiscale favorise les bénéfices des entreprises peut faire apparaître Donald Trump comme un atout pour les investisseurs. En revanche, « sa » guerre commerciale est contraire à leurs intérêts et freine la croissance économique.
Sur le plan budgétaire aussi, les différences entre les plans de Trump et Biden détermineront les gagnants et perdants du monde des entreprises. Les budgets colossaux que les démocrates veulent libérer pour financer des projets d’infrastructure et la transition énergétique font saliver les entreprises de construction et les producteurs d’énergies renouvelables. À l’inverse, les assureurs maladie et les firmes pharmaceutiques redoutent un renforcement de l’assurance-maladie gérée par l’État et la perspective d’une régularisation et d’un contrôle des prix accrus.
Quant au programme républicain, il répond davantage aux aspirations des secteurs favorisés par les dérégulations entreprises par le président Trump, notamment les institutions financières ou les entreprises énergétiques.
Le hic avec ces plans ambitieux, c’est que, comme le remarquent les observateurs, la part du programme que les présidents américains réussissent à concrétiser ne cesse de se réduire. Ainsi, Donald Trump n’a réalisé aucun des investissements qu’il avait promis dans des infrastructures telles que des ponts, des routes ou des gares. Cela vient notamment du fait que les États ont également leur mot à dire. Et souvent, les gouverneurs sont en total désaccord avec le président — Il faut dire que les États connaissent régulièrement d’importants problèmes financiers.
Une question encore plus importante est celle de savoir si le nouveau président pourra compter sur le soutien de la Chambre des représentants ou sur le Sénat. Actuellement, la Chambre est aux mains des démocrates, d’où ceux-ci essaient de bloquer autant qu’ils le peuvent les plans de l’actuel président. Les républicains, eux, possèdent la majorité au Sénat, mais plusieurs de ces sièges seront remis en jeu le 3 novembre, si bien que, là aussi, des changements peuvent se produire. Plus encore que le choix du président, ce qui sera important, c’est le fait pour le nouveau locataire de la Maison-Blanche d’avoir la Chambre avec ou contre lui.
L’histoire nous enseigne que les investisseurs peuvent connaître une période propice aussi bien sous un gouvernement démocrate que républicain. Ce que les marchés ont en horreur, par contre, c’est l’incertitude politique. Ainsi, certains redoutent le scénario où Trump serait réélu, mais avec une Chambre contrôlée par les démocrates. Dans ce cas, on pourrait s’attendre à ce que Trump occupe encore plus la scène de la politique étrangère et du commerce, deux des rares domaines où le président américain bénéficie d’une large autonomie. À toutes ces interrogations, nous aurons des réponses à partir du 3 novembre, du moins nous l’espérons.
Disclaimer : Les informations contenues dans cette publication constituent un commentaire général sur la situation financière actuelle et ne doivent pas être considérées comme un conseil ou une recommandation concrète en matière de produits financiers.