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Le cerveau humain est capable de choses incroyables : de la physique quantique à la découverte de vaccins. Mais étonnamment, notre cerveau ne semble pas aussi adapté quand il s'agit d'investissements. Il joue même contre nous dès que nous envisageons d'acheter actions et obligations. Mais il existe heureusement des astuces pour déjouer les tours de notre cerveau et essayer de réaliser, malgré tout, de beaux rendements.
Notre cerveau est vieux, très vieux. Il a connu sa principale évolution quand l'homme vivait encore dans la savane. La fonction première de notre cerveau est dès lors de nous maintenir en vie, par exemple en nous faisant fuir en cas de danger. C'est précisément ce mode de survie qui a fait de l'homme une espèce si réussie au fil de millions d'années. L'économie telle que nous la connaissons aujourd'hui est cependant une donnée récente : cela ne fait que quelques centaines d'années que l'homme est aussi amené à prendre des décisions financières. Et c'est là que le bât blesse, car sur le plan évolutionnaire, notre « cerveau reptilien » n'est pas encore adapté à cette nouvelle réalité.
Notre cerveau ne représente que 2 à 3 % de notre poids corporel, mais il consomme 25 % de notre énergie. Voilà qui donne une idée de sa particularité. Nous devons prendre des milliers de décisions chaque jour. Notre cerveau cherche donc des raccourcis en permanence. Évaluer chaque décision sur papier – des chaussettes que nous allons porter à la machine à café qu'il faut allumer – nous demanderait trop d'énergie. Nous agissons donc très souvent en pilote automatique.
L'intérêt porté au fonctionnement de notre cerveau, y compris d'un point de vue économique, n'a cessé de croître au cours des dernières décennies. Daniel Kahneman, le spécialiste américano-israélien de l'économie comportementale a mené des recherches significatives sur la façon dont les investisseurs se laissent guider par leur instinct, ce qui lui a d'ailleurs valu un prix Nobel. Sa principale découverte ? Les investisseurs qui prennent des décisions en suivant leur instinct sont voués à l'échec, car ils se laissent entraîner par les raccourcis(1) dont leur cerveau raffole. Autrement dit, si notre cerveau est un instrument formidable pour prendre des décisions instinctives – ‘ai-je le temps de traverser la rue avant que cette voiture arrive ?’ –, prendre des décisions financières en se laissant guider par ses émotions est source de désillusions.
Une des notions les plus importantes de la psychologie de l'investisseur est l' « aversion à la perte ». Ou le constat selon lequel la déconvenue éprouvée en cas de perte de 100 euros est 2 à 2,5 fois plus forte que la joie ressentie en cas de gain de 100 euros. Cela s'explique par le fait que le gain et la perte sont traités dans des zones différentes du cerveau : la partie du cerveau qui traite la perte est proche de l'endroit où est traitée la douleur physique. Conséquence ? Notre inconscient fait tout pour limiter le risque de perte.
Ce phénomène est facile à expliquer d'un point de vue évolutionnaire : autrefois, ceux qui évitaient les risques avaient plus de chances de survie. Mais aujourd'hui, ce principe joue contre nous. Dans la plupart des cas, l'aversion à la perte nous pousse à ne rien faire et à maintenir le statu quo. Par exemple : continuer de placer de l'argent sur un compte d'épargne, parce que nous l'avons toujours fait. C'est logique, si l'on se limite à un montant raisonnable (ce que l'on appelle la réserve financière, pour laquelle la règle de base consiste à mettre de côté six salaires mensuels pour les dépenses imprévues). Mais en temps de forte inflation, laisser tout son argent sur un compte d'épargne revient à perdre de l'argent. La peur de perdre nous amène donc à prendre de mauvaises décisions… et à perdre de l'argent. Quel paradoxe !
Une autre particularité de notre cerveau : il est conditionné à écouter des histoires. Ce phénomène a lui aussi une explication évolutionnaire : il y a des centaines de milliers d'années, dans la savane, le fait d'écouter des histoires sur les dangers qui guettaient pouvait vous sauver la vie. Force est de constater que ces mécanismes de notre cerveau sont toujours à l'œuvre aujourd'hui : trois années de mauvaises nouvelles liées à la pandémie de coronavirus, l'inflation, la guerre en Ukraine et la crise énergétique font fuir beaucoup d'investisseurs et les ramènent vers le bon vieux compte d'épargne. Notre intuition conduit facilement à la paralysie et nous fait perdre de vue les autres options possibles.
Alors que les chiffres brossent un autre tableau que notre ressenti. S'il est vrai que la pandémie, l'inflation et la guerre entraînent d'importantes fluctuations du marché à court terme, leur impact sur les cours reste limité à long terme. Seulement quelques mois après la crise du Covid, les cours boursiers se rétablissaient déjà après un premier gros recul. Bien sûr, un redressement boursier aussi important immédiatement après une crise profonde n'est pas toujours la norme, et tous les marchés ne se sont pas redressés dans la même mesure. Mais il illustre une erreur fréquente que nous sous-estimons souvent : l'incroyable résilience de l'économie. Et en tant qu'investisseur, vous profitez justement de cette résilience, puisque vous participez à la création de valeur de l'économie.
En dépit de toutes les histoires de crise de ces dernières années, les investisseurs ont pu réaliser de beaux rendements à long terme – malgré les hauts et les bas à court terme, à condition de disposer d'un portefeuille d'investissement bien diversifié. Ceux qui sont restés sur la touche avec leur « aversion à la perte » ont vu l'inflation grignoter leur épargne. C'est une perte « assurée », qui ne peut être réparée en attendant encore un peu, contrairement à la plupart des investissements exposés aux marchés financiers.
L'investissement s'avère donc encore et toujours être LA réponse pour protéger notre pouvoir d'achat. Mais comment nous protéger de notre cerveau lorsque nous investissons ? Autrement dit : comment éviter de prendre des décisions émotionnelles qui affectent le rendement ? Voici trois « trucs » bien utiles.
En automatisant vos investissements, vous achetez chaque mois. Moins durant les périodes de cours élevés, et plus quand les cours sont bas. C'est cette combinaison qui offre souvent un rendement fructueux à long terme.
Investir chaque mois un montant fixe, sur le long terme, sans s'interroger outre mesure sur l'opportunité du moment… Telle est la recette à succès de l'épargne-pension. Il s'agit en effet aussi d'une forme d'investissement périodique, qui consiste à verser chaque mois un montant fixe, quelle que soit la situation du marché. Beaucoup de titulaires d'une épargne-pension sont agréablement surpris des résultats positifs que cette forme d'investissement peut offrir à long terme. Ces bons résultats sont en partie dus à la manière dont nous considérons l'épargne-pension : c'est l’investissement à long terme par excellence. Nous investissons avec régularité, quelle que soit notre perception de la situation des marchés financiers, parce que nous voulons profiter de l'avantage fiscal. Nous automatisons, en quelque sorte, la décision d'investissement. On peut appliquer la même façon de faire à d'autres investissements, via un plan d'investissement.
En résumé, c'est le moyen par excellence de tromper notre cerveau – qui joue des tours à notre inconscient lorsque nous envisageons d'investir – et d'essayer de réaliser, malgré tout, de beaux rendements.
(1) Voir, entre autres : Tversky, Amos ; Kahneman, Daniel - Judgment under Uncertainty : Heuristics and Biases (Science, 1974).
Ensemble, nous examinons les possibilités, en tenant compte de votre profil.
Disclaimer : Les informations contenues dans cette publication constituent un commentaire général sur la situation financière actuelle et ne doivent pas être considérées comme un conseil ou une recommandation concrète en matière de produits financiers.