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Jusqu’à présent, 2022 est l’année dont les investisseurs n’auront pas envie de se souvenir. Et, fait notable, non seulement les actions, mais également des valeurs traditionnellement considérées comme sûres, ont été touchées. Alors que les obligations constituent généralement de bons amortisseurs en temps de crise, cette fois, elles aussi ont plongé. La hausse des taux d’intérêt peut-elle changer la donne ?
Si les marchés boursiers pouvaient encore, fin 2021, afficher de solides rendements, l'année 2022 aura été catastrophique dès le départ. Notre baromètre boursier national, le Bel20, a notamment chuté de quelque 20%. Les autres bourses mondiales ne font pas mieux.
Les investisseurs en actions savent parfaitement que de fortes fluctuations que peuvent affecter leurs investissements. C’est un risque qu'ils courent sciemment puisqu’ils espèrent engranger un rendement supérieur à plus long terme. Les obligations, par contre, sont considérées comme des investissements stables. C’est pourquoi elles sont indispensables dans le portefeuille d’un investisseur plutôt prudent.
Mais ces 8 derniers mois, ces investisseurs prudents aussi ont accusé de lourdes pertes. Depuis le début de l’année, les portefeuilles obligataires mondialement diversifiés ont en effet perdu pratiquement autant de valeur qu'un investissement en actions mondialement diversifié.
Il semble bien, qu’une fois de plus, la grande coupable soit l’inflation. Cette hausse s'est amorcée en 2021, mais les banques centrales (qui ont pour mission de veiller à maintenir l'inflation aux alentours de 2%), y ont vu un phénomène temporaire, lié à la reprise de l'économie mondiale post-COVID-19. Pourtant dès janvier 2022, il est clairement apparu que l'inflation n'avait rien de temporaire. De plus, la guerre en Ukraine a provoqué une flambée inédite des prix de l'énergie en Europe, ce qui a encore intensifié l’inflation.
Normalement, l’inflation est un facteur important pour la détermination des taux à plus long terme. Si l'inflation augmente, les taux obligataires s’envolent, eux aussi, car les investisseurs souhaitent un rendement supérieur pour compenser la perte prévisible de pouvoir d'achat. Mais ces dernières années, les choses se sont passées autrement : les banques centrales ont maintenu les taux obligataires à un niveau faible en achetant des obligations en masse. Une situation inédite. L’intention, toutefois, était d’inverser très lentement la tendance afin de ne pas provoquer d’importantes fluctuations de cours.
En matière d’obligations, une hausse des taux provoque une baisse des cours, c’est une règle générale. Pourquoi, en effet, garder une obligation offrant un taux de 1% si, avec le même capital, vous pouvez acquérir une nouvelle obligation aux mêmes conditions, mais à 2% ? Si la durée restante de l'obligation existante est plus longue, elle perdra encore plus de valeur en cas de hausse des taux. Dans le monde financier, cette sensibilité au taux porte le nom de « duration » : une hausse des taux d'intérêt entraîne une baisse du cours, et vice versa.
Tant les taux historiquement bas qu’une plus grande sensibilité au taux constituaient, début 2022, des risques importants qui ne pouvaient être évités que par un revirement très progressif de la politique des taux.
Mais l'explosion de l'inflation a mis les banques centrales devant un fait accompli. Leur projet d’un relèvement très prudent des taux ne tenait plus la route. En quelques mois, la politique monétaire souple, avec ses faibles taux d'intérêt, ainsi que le rachat d'obligations ont cédé la place à une approche agressive, caractérisée par des hausses de taux successives rapides et une suspension des achats obligataires, supprimant ainsi un support majeur aux cours obligataires. Résultat : une augmentation des taux obligataires à un rythme sans précédent.
Face à ce revirement rapide, la chute des cours obligataires a été abrupte. L'investisseur qui avait principalement opté en 2022 pour des obligations sûres a vu la valeur de ses placements obligataires fondre comme neige au soleil. À certains moments, ce repli dépassait même celui des marchés des actions pourtant nettement plus risqués.
Nombre d'investisseurs privilégiant les obligations se demandent par conséquent s'il ne vaudrait pas mieux s'en détourner pour investir pleinement dans les actions.
Historiquement, il est cependant particulièrement rare de voir les obligations subir de tels revers. Il serait donc imprudent de considérer le passé récent comme seul indicateur de l'avenir. Depuis peu, les obligations sont redevenues intéressantes pour les investisseurs prudents. Et ce, pour trois raisons :
En composant leur portefeuille de placements, les investisseurs doivent prendre conscience du fait que les replis marqués de ces 8 derniers mois étaient dus à une situation tout à fait exceptionnelle. Maintenant, ce revirement important est en grande partie derrière nous. Les taux d'intérêt renouent avec ceux d'un marché obligataire normal.
Dans un tel cas de figure, les obligations de bonne qualité peuvent s'avérer très utiles dans un portefeuille mixte (composé essentiellement d'actions et d'obligations), surtout pour tempérer les fluctuations des cours des actions de ce portefeuille. Au cours des 60 dernières années, lors des baisses importantes sur les bourses américaines, les obligations d'État américaines à long terme ont souvent constitué d'excellents amortisseurs, capables de stabiliser la valorisation des portefeuilles mixtes. L'année 2022 semble être une exception de taille à cette tendance.
Cela ne veut pas dire que les prix des obligations ne peuvent pas baisser davantage dans un futur proche. Mais cette probabilité diminue à mesure que le risque de récession augmente et devient une réalité (ou l’est peut-être déjà maintenant) dans un certain nombre de pays.
La conclusion est relativement évidente : chaque investisseur peut tirer profit d'un portefeuille composé à la fois d'actions et d'obligations. Contrairement à la situation exceptionnelle de ces 8 derniers mois, nous revenons à un contexte normal où il est de plus en plus probable que le cours des obligations de qualité n’évolue plus dans le même sens que le cours des actions, mais plutôt dans la direction opposée.
Il ne faut donc pas écarter trop vite le modèle de composition classique d'un portefeuille. Le portefeuille mixte, dans lequel la composante obligataire augmente à mesure que le client opte pour une stratégie moins dynamique, reste la bonne approche, aujourd’hui encore.
Disclaimer : Les informations contenues dans cette publication constituent un commentaire général sur la situation financière actuelle et ne doivent pas être considérées comme un conseil ou une recommandation concrète en matière de produits financiers.